Un prototype très éphémère Que faire quand une auto qui gagnait jusqu'alors tout ce qui se présentait sous ses roues commence à essuyer de douloureux revers dans les plus importantes manches du championnat du monde ? Courber l'échine et tenter d'en améliorer les performances ou considérer que le modèle est déjà dépassé? Concevoir une nouvelle voiture faite pour gagner : l'idée n 'est pas originale surtout lorsqu'on a la puissance du premier constructeur mondial. Ford avait déjà, à l'époque, quelques modèles dans ses cartons mais la réglementation fluctuante, dans ce domaine,oblige toujours à beaucoup de prudence. Les amateurs connaissent le destin avorté de la RS 1700 T (Mk3) ou de la RS200 mais bien peu se souviennent de la plus éphémère encore GT 70... En 1970, Ford avait assez mal digéré ses fiascos, notamment au Monte-Carlo où la concurrence Porsche et Alpine n'avait laissé que des miettes au team de Boreham. L'équipe était tellement sonnée par ses contre-performances (5èmes et 7èmes et deux abandons) que dans l'avion qui les ramenait en Angleterre Stuart Turner et Roger Clark envisageaient déjà des solutions pour redorer le blason de l'écurie britannique.
Le bilan que tirait Clark de cette déroute monégasque
était que l'architecture même de l'Escort était à remettre en cause. Les autos dans le
coup étaient toutes des "tout à l'arrière". Il fallait imaginer une voiture
plus équilibrée, pourquoi pas une "mid-engine", à moteur central inspirée de
la GT40...? Clark et Turner imaginaient un châssis acier avec une carrosserie en fibre de verre, quatre roues indépendantes, une transmission ZF et, bien sûr, une plus juste répartition des masses pour améliorer l'adhérence du train propulseur, handicap dont avait souffert l'Escort dans l'édition 70 du rallye de Monte-Carlo.
De retour à Boreham, le
projet fut très sérieusement présenté à Ford. Des ébauches de ligne furent aussitôt
faites et Hannu Mikkola et Gunnar Palm furent appelés comme consultants autour de la
table de dessin. Neerspach étudia la préparation. Sur le papier, l'auto avait toutes les qualités. Turner et Clark en étaient en tout cas convaincus. Leur opinion se nuança très vite lorsque le premier prototype roulant fut présenté quelques mois plus tard. Le V6 s'avérait trop lourd et nuisait à la maniabilité de la voiture. Bien que classée "top-secret", l'opération GT70 était arrivée aux oreilles (et aux yeux!) de la concurrence qui, avec une certaine condescendance, applaudissait la performance mais disait haut et fort qu'on ne s'improvise pas "constructeur de GT" et que Ford aurait mieux fait de continuer à fabriquer ses autos familiales de grande série.. Malgré les critiques et la désillusion, Boreham décida d'engager l'une de ses six GT70/V6 à la Ronde Cévenole de 1971. Des ennuis techniques ne permirent pas à Roger Clark de terminer ce rallye. Pas plus que l'auto ne termina, la même année, le Tour de France Automobile où elle fut victime d'un accident dans la traversée des Alpes. (Equipage Mazet/Todt N°133) En 1971, un nouveau changement de la réglementation, dissuada Ford de poursuivre l'expérience d'autant que le BDA Cosworth monté dans les toutes nouvelles RS 1600 faisait merveille aux mains des pilotes de l'équipe. Ford GB "arrêta les frais" et décida de placer tout son budget compétition sur l'Escort. Seul Ford-France poursuivit l'expérience GT70 en confiant à Guy Chasseuil un modèle sponsorisé par BP pour les saisons 72 et 73 du championnat de France GT sur piste. En 1974, la GT70 cessa définitivement ses apparitions publiques. Les modèles restant furent expédiés en Angleterre où l'on démonta tous leurs organes mécaniques. Les caisses, quant à elles, furent stockées dans un hangar sombre de Boreham. La page GT70 était définitivement tournée. On ne sait pas clairement ce que sont devenus quatre des cinq exemplaires restant. La seule auto restaurée l'a été en 2002 par le Sporting
and Historic Car Engineers et Ford Heritage Vehicle Collection à
Poundon.
Voir aussi le clip de 3 minutes : "Après la RS1800..." ( 9mo )
Spécifications techniques de la dernière évolution:
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