LA SAGA AVO

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D'abord un nouveau moteur ...


L'idée de faire appel aux talents de Keith Duckworth pour motoriser une auto de rallye est, contrairement à ce que l'on croit souvent, bien antérieure à la Twin-Cam et à l'Escort elle-même. En fait, le projet d'installer un moteur 16 soupapes Cosworth sous le capot d'une Ford de rallye remonte à 1965.
Colin Chapman (team Lotus) et Walter Hayes avaient contacté Keith Duckworth, de Cosworth Engineering, pour étudier le projet d'un moteur de F2 1,6L basé sur le bloc Kent non-crossflow de la Cortina. Ce moteur, poétiquement baptisé FVA (Four valves série A) remporta ses premiers succès dès 1966 et cela donna l'idée à Henry Taylor, chef du département compétition, de développer une version de ce moteur pour passer de la piste à la route.

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Moteur FVA

Cela dit, il faut préciser d'emblée, que le moteur BDA ( Belt drive série A ) qui allait sortir des cartons à dessin de Cosworth un peu plus tard, est un moteur 100% original et qu'il ne s'agit en aucun cas, d'une version "de-tuned", dégonflée du moteur de formule 2.
D'abord, la base est différente puisque ce moteur utilise le bloc crossflow 1600 des dernières Cortina. Ensuite, la distribution est confiée à une courroie ( d'où son nom) alors que le FVA fait appel à une cascade de pignons.

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Moteur BDA


Ce nouveau moteur, à l'exception du vilebrequin et du pignon de distribution, est strictement identique dans sa partie basse au 1600 de la Cortina GT. Pour la culasse double arbre, Duckworth a opté pour 4 soupapes par cylindre, opposées et inclinées à 40°.

Cotes du moteur Cosworth BDA
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Vue du côté gauche
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Vue du côté droit
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Vue de face
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Vue de l'arrière


La première exigence de Taylor était la fiabilité. Après quelques prototypes prometteurs mais beaucoup trop puissants, Duckworth diminua largement la cavalerie disponible ( notamment en installant des arbres à cames "civilisés" ) et finalisa un moteur délivrant modestement 120 cv à 6500 tours. A ce stade, la mécanique était si "tranquille" que le BDA pouvait fonctionner à l'essence ordinaire !
Idéal pour les rallyes internationaux se déroulant dans des pays où la qualité des carburants était parfois incertaine. Et surtout, cette relativement faible puissance comparée au potentiel du moteur, laissait entrevoir de nombreuses possibilités d'améliorations et de préparations.
Ford présenta le prototype de son nouveau bébé en janvier 1969, à l'occasion de la sortie de la Capri. Il fut même envisagé, à titre promotionnel, de fabriquer 100 Capri "Twin-Cam" équipée de ce moteur. Le projet n'eut pas de suite.
Pas plus que le BDA qui, au désespoir de Duckworth, ne fut considéré par Ford que comme une jolie réalisation, une sorte de chef-d'oeuvre, mais auquel la maison mère ne donna pas de suite industrielle immédiate.

Il fallut attendre l'arrivée de Stuart Turner, en juin 1969, pour que celui-ci se penche avec enthousiasme sur le projet BDA.
Du côté des décideurs ( disons du "porte-monnaie"...), force était de constater que la Twin-cam avait boosté les ventes de l'Escort  et que Boreham avait vendu plus de 50.000 £ivres de pièces de compétition lors de la seule année 68.
C'est ainsi que Ford, à la fois poussé par ses objectifs commerciaux et un Stuart Turner incisif, annonça, début 1970, la mise en chantier d'un nouveau modèle : la RS 1600. Ford ajouta que cette nouvelle Escort ne serait pas construite à Halewood comme la Twin-Cam mais dans une nouvelle usine, spécialement dédiée à la production des "modèles avancés" et qui serait installée "quelque part en Grande-Bretagne" (le site de South Ockendon n'était pas encore choisi) . C'était l'acte de naissance d'AVO (Advanced Vehicle Operations).


Malgré l'investissemnt financier conséquent, Ford ne voulait pas aller plus loin et se refusait à fabriquer les blocs BDA sur ses propres chaînes. Cosworth Engineering était plus proche du laboratoire que de l'entreprise industrielle et la fabrication des BDA fut donc confiée à un sous traitant : le groupe Harpers de Letchworth.

Une star en remplace une autre.

Les plâtres de South Ockendon, n'étant pas tout à fait secs, les premières RS 1600 sortirent, comme les Twin-Cam, de l'usine de Halewood (mais alors ont-elles droit à l'appellation AVO ? qu'en disent les AVOlâtres ?...).
Comme pour la Twin-Cam, les souhaits de Boreham qui espérait un modèle franchement mieux conçu pour le rallye, ne furent pas exaucés. Ford voulait bien faire de la compétition promotionnelle mais de là à construire une sorte d'ancêtre de WRC, pas question.
On rappela sous les drapeaux tous les équipements de  la bonne vieille 1300 GT et la fameuse caisse 49 de la Twin-Cam.
Tant extérieurement qu'intérieurement, il était pratiquement impossible de distinguer un RS 1600 d'une autre Escort de série..
Seuls les demi-parechocs et les sigles disposés sur les ailes et sur le coffre permettaient de savoir à qui on avait affaire.

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1300 GT ? non ! nouvelle RS 1600...
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1100 DeLuxe ? non....l                                                    ....le sigle arrière le rappelle, c'est une RS 1600

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C'est elle la première ! Admiration générale...

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La publicité de lancement.
On notera les bi-iodes Carello
 
 
 
Les premiers essais publics ne déclenchèrent pas un enthousiame débordant. Le mensuel Autocar's qui fut le premier a présenter la nouvelle Escort en fit un bilan mitigé. La vitesse de pointe relevée était d'environ 180 km/h et les accélérations supérieures à celle de la Twin-cam mais le journal ne semblait pas croire que le conducteur lambda puisse sentir la différence. D'autant que la RS 1600 était chère, très chère même 1447 £ exactement, 12 % plus cher qu'une TC et aussi chère qu'une Triumph TR6, véhicule classé dans les voitures de luxe.

Bien cher pour un beau moteur certes mais un équipement standard, des plastiques approximatifs, des sièges d'autocar en skaï massif et une batterie d'instruments à la précision très relative.
Une fois de plus, c'est la compétition qui vint au secours de la politique frileuse et en demi-teinte de Ford GB. Sans les succès quasi-immédiats  de la RS 1600 en rallye, il y a fort à parier qu'en raison de son prix exorbitant et de la qualité très "cheap" de sa présentation, elle n'eut alors connu qu'un simple succès d'estime auprès des amateurs de belles mécaniques.

Restée en production jusqu'à l'été 71, la TC dut rapidement s'effacer devant cette turbulente nouvelle petite soeur.

Une autre Escort, plus modeste, mais au look plus tapageur allait également sortir bientôt des ateliers de South - Ockendon : la Mexico



(suite : les débuts de la Mexico )

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Une RS1600 d'origine. Le filtre à air  est identique à celui de la TC


 

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Aujourd'hui encore, la RS 1600 est la reine des rallyes historiques



  




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